BIENVENUE SUR LE SITE DU REMEMBER DAY

 
 

A l’origine il y avait un défi à relever...

Retrouver le «premier Américain» entré chez nous le dimanche 3 septembre 1944. C’était un éclaireur du 628th Tank Destroyer attaché à la 5th Armoured Division américaine.

Dans la mémoire collective il «avait été tué». Péruwelz portait son deuil depuis 1944.

Lors des cérémonies du 50ème anniversaire de la libération, la photo du «premier Américain» était exposée dans le cœur de l’église paroissiale.

Cette même photo est encore dans le bureau de la secrétaire communale. Me trouvant à l’administration communale de Péruwelz en septembre 1994 j’ai interrogé José, le secrétaire de l’époque «c’est qui, ce motocycliste?»… Et la réponse: «c’est le premier Américain entré à Péruwelz lors de la libération… Il a été tué peu après».

J’ai alors ressenti une grande tristesse à l’égard de ce jeune soldat venu mourir pour nous. J’ai donc demandé au secrétaire communal «vous avez l’intention d’aller fleurir sa tombe?» et la réponse «on ignore où il est enterré».

A ma tristesse s’est alors ajouté un sentiment de colère. Comment est-il possible qu’une ville qui honore «son» héros depuis 1944 ne se soit même pas donné la peine de rechercher sa tombe? C’était le moindre  des hommages et un défi à relever: découvrir où reposait «notre» vétéran.

Nous disposions d’un nom: «James CAROLL». Ne connaissant que très peu de l’histoire de la libération je me suis renseigné à l’un, à l’autre. Pour apprendre, que c’était la 2nd Armoured Division qui avait libéré Péruwelz. Le livre très fouillé consacré à la résistance ne mentionne que «les premiers Américains»…

Je recherche donc vers l’Association des Vétérans de la 2i ème Division blindée américaine et en même temps l’Ambassade des Etats-Unis qui me conseille de contacter les responsables des cimetières de soldats américains en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas. Un soldat US ne repose jamais en territoire ennemi. Aucune trace.

Un responsable me dit alors –première lueur d’espoir?- que «peut-être votre premier Américain était-il retourné sur ses pattes ou peut-être sa famille avait-elle fait ramener le corps au pays». Don EVANS, secrétaire de l’Association des Vétérans de la 2nd Armoured Division me répond «inconnu au bataillon». Don est passionné d’histoire et me promets alors de «me retrouver mon Américain»…

On peut dire que c’est lui qui nous a retrouvé notre héros! Je lui ai transmis la photo maintenant légendaire (*).

Il la reproduit avec ma demande de recherche et l’envoie à un peu plus de 80 adresses de «James CAROLL» aux Etats-Unis.

Et le 21 mars 1995, dans l’après-midi, je reçois un fax. Signé James W. CARROLL «I am a live in Alabama».

Vous connaissez la suite…

James appartenait non à la 2nd Armoured Division (qui est passée à Péruwelz-Bonsecours le 4 septembre 1944, venant de RUMES et se dirigeant vers JURBISE, TIENEN et GENK) mais au 628th Tank Destroyer attaché à la 5th Armoured Division. Le 5è me Division blindée venait de PARIS, devant le repli rapide des troupes allemandes la division avait poussé ses blindés jusqu’à la frontière française à CONDE SUR L’ESCAUT où elle était arrivée le 2 septembre. Dans la nuit du 2 au 3 des Péruwelziens étaient déjà allés à la rencontre des libérateurs, les chars étaient en arrêt dans la forêt, de part et d’autre de la Gent-Valenciennes, une patrouille aurait même monté le versant français de la butte… Trois jeunes résistants de Péruwelz sont alors victimes des troupes allemandes en retraite. Dans la nuit du 2 au 3 septembre ils se sont portés au devant d’une patrouille de soldats qu’ils croyaient être Américains. C’était des Allemands. Le jour de la libération Péruwelz portait le deuil de Arthur FRETIN, Charles HAINAUT et André MARONG. Lorsque James CARROLL est arrivé sur la grand place de Péruwelz, une résistante, Francine TELLE l’a amené devant le cadavre d’un des résistants. James y a déposé les fleurs que la population lui avait offertes. On imagine la tristesse de ce moment, et peut-être les reproches de beaucoup… «Vous étiez là avec vos chars». Mais l’ordre de franchir la frontière n’avait pas été donné encore.

Cette même nuit du 2 au 3 septembre, notre ami Paul LION (un belge) et son caporal canadien, tous deux appartenant à la 5th Armoured Division, traversaient en Jeep la forêt de Bon-Secours pour atteindre la guinguette du Tapis Vert à l’orée du bois, à Péruwelz. Ils étaient à la recherche de «bière et de filles». Les «premiers» G.I. entrés à Péruwelz étaient donc… un Belge et un Canadien. Ce pour la petite histoire.

Le 628è me bataillon de Tank Destroyers a envoyé James en éclaireur en Belgique. C’était le dimanche 3 septembre en fin de matinée. Il est allé une première fois à l’arrière de la basilique, accueilli par Claire SCHUSTER (Mme PRAET.) …. Mme Claire PRAET SCHUSTER est décédée il y a quelques semaines. En souvenir de cette journée la Remember Day Association avait offert -de la part de James- une gerbe de fleurs avec le drapeau américain de l’époque. Mme Claire PRAET SCHUSTER avait participé au sauvetage de pilotes alliés. On a joué l’hymne national. On peut cependant regretter l’absence officielle de la ville de Péruwelz. Même pas un membre du collège…

A ce moment une troupe allemande en retraite est arrivée de la rue de St Amand. Ces soldats venaient de tuer le gendarme Xavier LUPANT qui prévenait les habitants de la rue de retirer les drapeaux belges des fenêtres. La porte de la maison où il aurait pu s’abriter était fermée… Notre éclaireur a le temps de se cacher près du bâtiment actuellement occupé par le magasin Battard. Des coups de feu sont tirés -par des résistants et James- sur le dernier motocycliste allemand qui est tué, ainsi qu’une religieuse de Notre-Dame de la Treille, Marie-Dominique DEBARGE (une autre version m’a été donnée, le motocycliste aurait été tué par des éclats d’obus tirés du bas de la butte sur la basilique…) Le cadavre du motocycliste allemand est profané, ses papiers éparpillés sur le trottoir, ses bottes volées. Le cadavre est traîné dans la ruelle «frontière» entre l’ancienne douane et le café. L’ennemi est encore proche.

James rejoint ensuite son bataillon et reçoit l’ordre de repartir en éclaireur. C’est son entrée (filmée) à Péruwelz qui reste une des images fortes de la libération de la Belgique.

La 5è me Division blindée procède au «nettoyage» de la région de Péruwelz, aidée par les résistants très actifs. Elle reçoit l’ordre le 4 septembre de faire mouvement vers SEDAN et libérera ensuite Luxembourg et sera la première à pénétrer en Allemagne. Une incursion sans suite, l’intendance n’étant alors pas capable d’assurer les approvisionnements. On imagine l’inquiétude des habitants de Condé, Fresnes et Valenciennes qui ont vu refluer les blindés américains après les avoir accueillis en libérateurs … Le 628th Tank Destroyer et la 5th Armoured Division participeront à la Bataille des Ardennes et atteindront l’Elbe. «Nous aurions pu atteindre Berlin avant les Russes, si on nous avait laissé faire!!!»

Toute cette recherche n’était pas bien difficile. Il suffisait d’entreprendre… Mon mérite n’est donc pas bien grand, quoique l’on puisse en dire parfois. C’est bien souvent la volonté d’entreprendre qui manque chez nous.

Lors de la première visite de James, en 1995, une dame de Tournai dont le père était photographe à Bon-Secours m’a montré «la» photo originale. Au verso le nom bien ortographié «James W. CARRoll» et ensuite «628th Tank Destroyer» … Avec ces données il suffisait d’un appel téléphonique pour retrouver «notre» premier Américain. Il est membre de l’Association des Vétérans de la 5è me Division blindée.

Tout est allé très vite dès la réception du fax de James le 21 mars 1995. La Ville de Péruwelz a officiellement invité et accueilli «son» premier Américain, Condé sur l’Escaut s’est associé aux manifestations. Nous avons même retrouvé une Harley et un petit convoi de véhicules d’époque a pu être organisé avec l’aide de collectionneurs (M et Mme BROGNIER et LEJEUNE). James a même traversé la ville sur «son» Harley!!! Une plaque commémorative offerte par Louis-Armand BOURDON a été inaugurée en présence d’un délégué de l’Ambassade des Etats-Unis. Visites et réceptions officielles, rencontres amicales, … Nous étions une dizaine à raccompagner «notre» Vétéran à l’aéroport. Nous pleurions tous. James avait très peu de famille aux Etats-Unis. Nous avions vécu ensemble un moment unique. Pouvions-nous en rester là?

L’idée d’une «commémoration» qui devient le «Remember Day» Nous avions le soutien de toute la population. C’est grâce aux dons des habitants que James était revenu. Il souhaitait revoir ses amis belges. Nous avons organisé un second retour. La tradition du Remember Day commençait.

La base de ce «Remember Day» serait le rappel de ce que nous devions aux Vétérans. Nous avons invité ceux du 628th Tank Destroyer ainsi que les successeurs actuels de ce bataillon. James était accompagné de Tom Miller, un autre vétéran. Quatre officiers successeurs du TD l’accompagnaient. C’était aussi une «première» avec lavenue des «collectionneurs». Les premiers, grâce à qui tout a continué. Je cite quelques prénoms avec le remord d’en oublier tellement … André, Carl, Christian, Claude, Daniel, Franz, Freddy, Jean, Jean-Marc, José, Louis-Philippe, Lucien, Nicky, Olivier, Robert, Serge, Yvon, … Il y avait plus de 150 véhicules aux environs du Château de l’Hermitage.

Nous avons dès la seconde année eu l’honneur de recevoir la Garde Drapeau du 80th Area Support Group (base de CHIEVRES) … ce sera la 10è me fois cette année, la présence d’une délégation de l’Ambassade des Etats-Unis chaque année, la participation des autorités civiles et militaires : Ecole de la Logistique, Commandement provincial et régional, un accueil chaleureux dans les villes et communes voisines, tant en France qu’en Belgique. Outre Péruwelz nous avons été reçus à Beloeil, Chièvres, Leuze, Bernissart, Condé sur l’Escaut, St Aybert, Hergnies, Fresnes, Crespin, …

Dans les années qui ont suivi les cérémonies du «Remember Day» ont suscité l’intérêt de la presse et de la TV en Belgique, en France, aux Etats-Unis. Cela nous a valu notamment une première page du «The Wall Street Journal» et la venue d’un producteur de cinéma de Hollywood. L’histoire des Belges et de leur premier Américain commençait à susciter un grand intérêt. Un projet de film est toujours en cours.

Une nécessaire évolution: donner un avenir au passé. Cette simple «commémoration» engendrait cependant ses limites. Rassembler des véhicules, montrer des uniformes et surtout inviter notre Vétéran commençait à avoir un sacré goût de «réchauffé». La nécessité d’aller plus loin, de donner un sens tourné vers l’avenir a commencé peu à peu à s’imposer. Avec la crainte constante de tomber dans la «concentration de véhicules», la «prairie/barbecue», la banale «exposition de véhicules de guerre», les «faire valoir» d’une fête locale, la «reconstitution photos» ou le folklore des «Marches de l’Empire» ou même, les «dérives intergalactiques». Toutes démarches qui peuvent parfois avoir leur valeur propre et participer à la Mémoire mais qui offrent trop souvent –hélas- peu de perspectives et de réflexion.

Nous n’étions ni des passionnés de mécanique ou d’armes, ni des amateurs d’uniformes.Nous étions simplement passionnés d’histoire, dans la mesure où on peut en dégager des leçons pour l’avenir. Et aussi de politique, non au sens limité des élections et de la course au pouvoir mais des mécanismes et phénomènes qui ont amené –notamment- la montée du nazisme et la seconde guerre mondiale. Avec aussi le souci du quotidien, du réel qui est de «montrer» ici, dans nos rues, entre nos maisons, ce qu’est la guerre. Lire un livre, entendre un témoignage, voir un film, rencontrer un Témoin sont des démarches utiles.

Mais, voir ici, chez soi, «en réel» des uniformes nazis, des véhicules ennemis a un impact tellement plus fort. Ce choix de montrer ici la réalité de la guerre, de l’occupation s’est fait peu à peu. D’abord quelques scouts affublés d’ «uniformes» de la Wehrmacht. Aussi quelques véhicules … Ce avec l’accord –et en présence- desAssociations patriotiques et des autorités communales. La nécessité d’une plus grande authenticité s’est tout naturellement bientôt imposée. Cela est compris et accepté par un public de plus en plus nombreux et attentif. C’est une leçon d’histoire en grandeur nature. J’aime comparer cette reconstitution historique aux Mystères du Moyen âge que l’on jouait sur le parvis des cathédrales. Une histoire que tout le monde connaît mais dont on veut le plus possible s’imprégner. Pour la leçon du Passé et surtout lui donner un Avenir.

Il est facile et glorieux de participer en uniforme américain. On recueille les acclamations d’une foule en liesse. Cependant, il y a une scène qui me tient très à cœur, Jean-Jacques GOLDMAN nous a personnellement autorisé de reprendre sa chanson «Sarah … Comme toi» et j’admire le courage des figurants qui, en uniforme allemand, rejouent cette scène où on emmène la petite Juive vers son destin tragique …

C’est une des leçons du Remember Day, nous vous invitons à en devenir les acteurs … ce premier mai. Associer les plus jeunes … est aussi essentiel dans notre démarche si on veut en assurer la pérennité et lui donner un sens. En 2004 Nous avons proposé aux élèves des classes terminales du secondaire de réfléchir et présenter une exposition sur un thème ayant trait à l’origine de la seconde guerre mondiale et ensuite d’en élargir la problématique. Par exemple les génocides, la montée des pouvoirs totalitaires, la manipulation politique. Cette exposition s’est tenue à l’Institut St Charles. Cette année nous organisons une conférence destinée également aux classes terminales du secondaire. Le Colonel BEM Pierre BRUYERE leur présentera l’histoire depuis les années trente. Avec également des perspectives pour maintenant … et la suite. Les bibliothèques de l’entité de Péruwelz présenteront aussi les livres et documents sur la période 1933-1945.

… Car le «Remember Day» est aussi une démarche pour aller plus loin dans l’intelligence des événements de ce monde.

 

3 SEPTEMBRE 1944

3 MAI 1998

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